Les Imbroglios d'Alexis Breust

De l'impro sans bugs et du code lâcher-prise.

Le Risque et l'Impro

J'entends régulièrement, à l'approche d'un spectacle, des remarques du style :

Je ne me sens pas prêt pour ça.

Et je dois dire que ça m'arrive souvent de me dire ça aussi. Mais, l'improvisation étant un domaine risqué par nature, et le public le sait, pourquoi continuer à craindre une catégorie particulière ou la peur du ridicule ?

Une petite pression ?

Des risques, il y en a plein. Du simple bafouillement - qui nous rend ridicule et qui peut casser un personnage - au complet plantage d'une impro. Mais n'est-ce pas là une appréhension légitime qu'on pourrait avoir lors d'une pièce de théâtre classique ? Peut-être bien que oui, car oublier son texte lors de la représentation d'une pièce et ne pas trouver quoi dire lors d'une impro, sont deux phénomènes très proches. Si le premier est un blocage de la mémoire, le second est un blocage créatif, mais les deux résultent d'une seule sensation - la pression de l'audience.

Sans public, beaucoup moins de trac, car l'ambiance des ateliers d'impro ne propage pas un sentiment de jugement. Alors que le public, lui, ne s'en prive pas : il juge, il murmure à voisin, il ne rira que s'il le veut. La seule méthode que je peux recommander est de se remettre mentalement en condition d'atelier, quand il n'y avait pas le public juge.

Bouh!

Et c'est à ça que servent les ateliers. Ça sert à créer un groupe, une troupe, qui se connaît bien et qui apprend à réagir en fonction de l'autre. Que se soit une pièce de théâtre ou un spectacle d'impro, ce qui nous permet de nous jeter réellement sur scène et ne plus bloquer, c'est le fait d'avoir répété, beaucoup. Et avoir répété, pas tant pour connaître une catégorie d'impro par cœur, mais surtout pour créer ce lien de confiance entre improvisateurs. En impro, prendre conscience qu'on va être soutenu par ses camarades, en cas de bug créatif, est libérateur. Je vous le promets.

Sans risque, pas d'improvisation

Qu'on se le dise clairement - la pratique de l'improvisation se résume justement à ça : au risque. Imaginons un instant qu'avant un spectacle d'impro, on décide d'enlever toutes les causes de risques. On serait vite dans le cas d'une pièce de théâtre. Et encore, comme on l'a vu, c'est risqué !

Et sans parler du public ! N'est-il pas le plus risqué ? Alors soit on choisit des gens bien précis de nos familles pour consistuer le public (après tout, on sait ce qui leur plaît), soit on ne met pas du tout de public.

Bah, ils sont où les gens ?

Je vous laisse comprendre facilement que, sans public, il n'y a pas de spectacle.

Dernier mot

En bref, si vous êtes du genre stressé avant de monter sur scène, souvenez-vous que - même si vous avez la chance d'avoir un public - vous devez jouer sans penser à lui dans un premier temps. Utilisez des personnages solides que vous maîtrisez bien, dans lesquels vous êtes à l'aise. En vrai, une fois le public embarqué dans votre flow, il va juste vous donner un coup de boost que l'on ne retrouve jamais en atelier. Vous pourrez alors réellement créer histoires et personnages sur le vif.

En pratique, je conseillerai à tout animateur de spectacle d'impro de commencer par une impro de groupe dans laquelle tous les improvisateurs sont en confiance et qu'ils connaissent bien.